OCDE acier vert
Demande d'acier / International : l'OCDE dresse un tableau peu réjouissant
Le marché plombé par une capacité excédentaire
Posté par : Gwenaëlle Le Louette
21.03.2023
Après s’être contractée de 2,3% en 2022 en rythme annuel, la demande internationale d’acier devrait croître de 1% cette année. C’est ce qui ressort de la dernière session du Comité de l’Acier de l’OCDE (Organisation de Coopération et de Développement Economique) qui s’est tenue les 13 et 14 mars derniers.
Forte inflation, escalade des coûts de l'énergie
Les discussions ont notamment porté sur les difficultés rencontrées par la filière sidérurgique l’an dernier. De nombreux facteurs ont concouru à ce bilan morose, à l’instar du ralentissement économique, de la forte inflation persistante, de la hausse des taux d’intérêt, du resserrement de la politique monétaire, de la flambée des coûts énergétiques, conjugués aux perturbations au sein des chaînes d’approvisionnement.
Le Comité de l’Acier a fait part de ses inquiétudes quant aux répercussions de la guerre en Ukraine sur les marchés mondiaux de l’acier, laquelle entraîne une stagnation durable des échanges commerciaux, des dysfonctionnements sur les marchés des matières premières ainsi que des incertitudes accrues concernant l’évolution du marché.
Le Comité se montre disposé à apporter son soutien à l’Ukraine- un membre de longue date du Comité de l’Acier– en vue de réaliser les travaux de reconstruction et de mener à bien ses projets de décarbonation de la filière sidérurgique.
L’invasion du pays par la Russie a occasionné une multitude de restrictions sur les exportations d’intrants à l’instar des ferrailles, pénalisant davantage un marché déjà fragilisé par les pressions exercées sur les coûts facturés aux sidérurgistes.
Capacité excédentaire
C’est sans compter sur une capacité de production excédentaire laquelle accroît les risques de surapprovisionnement, de perturbations des échanges commerciaux et de distorsions de concurrence.
A l’échelle internationale, la capacité de production a progressé à 2,46 mds de t, et ce, en dépit du ralentissement du marché. Les expansions de capacités sont particulièrement notables en Asie du Sud-Est et au Moyen-Orient. C’est également le cas en Chine, non-membre de l’OCDE, où la capacité de production représentait 47% du total mondial en 2022
Le taux d’utilisation des capacités est tombé à 74,3%
L’an dernier, l’écart entre la capacité et la production a bondi à 632 M de t, contre 516,9 M de t un an auparavant, selon le Comité de l’Acier. Dans ces conditions, le taux d’utilisation des capacités a chuté à 74,3%, ce qui a contribué à restreindre les investissements réalisés sur le segment de l’acier à faible empreinte carbone.
« Ce niveau est en inadéquation avec une industrie sidérurgique saine et financièrement viable, laquelle doit se focaliser sur la production d’acier vert et rester compétitive vis-à-vis de matériaux alternatifs », a ajouté le Comité.
Selon l’analyse menée par l’OCDE, 166,1 M de t de nouvelles capacités pourraient potentiellement être mises en service entre 2023 et 2025. Sur ce total, plus de la moitié serait constituée d’acier à forte teneur en carbone, laquelle nécessitera des investissements conséquents dans des usines dotées de hauts-fourneaux et convertisseurs à oxygène énergivores.