Pacte pour une industrie propre décarbonation
Filière sidérurgique européenne : Eurofer tire la sonnette d'alarme
Risque de désindustrialisation
Posté par : Gwenaëlle Le Louette 10.09.2024 à 18h16
Eurofer a, une nouvelle fois, attiré l’attention des décideurs politiques sur la situation alarmante de la filière sidérurgique européenne et de l’ensemble des chaînes de valeur. De fait, l’association européenne de l’acier se dit préoccupée par le risque important d’une désindustrialisation.
Eurofer réclame ainsi l’adoption urgente du Pacte pour une industrie propre, promis par Ursula von der Leyen, réélue à la mi-juillet à la tête de la Commission européenne.
Dans le cas contraire, « l’Europe deviendra inévitablement un musée industriel, tributaire des technologies vertes chinoises et américaines », a averti Axel Eggert, directeur général d’Eurofer.
Risques importants tout au long de la chaîne de valeur
La situation critique dans laquelle se trouve l’industrie sidérurgique européenne présente des risques majeurs tout au long de la chaîne de valeur, dans les secteurs des énergies éolienne et solaire, l’automobile, la construction, l’électroménager, es machines, la défense et les équipements techniques.
C’est sans compter sur l’aggravation de la crise cet été dans les aciéries de Liberty Steel en Pologne et Tchéquie, et les récentes démissions en cascade des dirigeants de Thyssenkrupp. En outre, Volkswagen a fait part de son intention de fermer potentiellement deux usines de production outre-Rhin.
« Nous tirons la sonnette d’alarme depuis plusieurs années déjà. Les symptômes de la désindustrialisation se sont propagés tout au long de la chaîne de valeur. Un changement radical des règles de l’UE s’impose en vue de relancer notre compétitivité. Ceci est essentiel afin d’accélérer la décarbonation et la prospérité de l’UE », a précisé Eurofer.
Des données publiées par l’association européenne ont fait apparaître qu’en 2023, la production d’acier de l’UE avait chuté à un plus bas historique, à 126 M de t. Ceci représentait une baisse de 24 M de t par rapport à la moyenne observée lors de la décennie précédente.
Déclin de la demande, afflux d'expéditions chinoises
Le niveau de production pâtit à la fois de la faiblesse de la demande et de l’attractivité des importations asiatiques. Des volumes croissants de capacités sont mis à l’arrêt avec le risque de ne plus redémarrer et, donc, de mettre en péril des milliers d’emplois. En outre, de nombreux investissements sont soit suspendus, soit reportés.
Les importations à bas coût en provenance de Chine, combinées à une capacité excédentaire record de 560 M de t à l’échelle internationale, constituent également un problème clé.
Le ralentissement économique en Chine entraîne un afflux d’acier sur d’autres marchés de premier plan. En conséquence, les produits issus d’Asie du sud-est, du Moyen-Orient, de l’Inde et du Japon sont redirigés vers l’UE. Depuis 2020, la région a perdu 23 000 emplois au sein de la filière sidérurgique.
L'UE doit se prémunir contre les pratiques commerciales déloyales
En vue de répondre aux principales exigences du nouveau Pacte pour une industrie propre, il convient de prendre rapidement des mesures visant à faire obstacle aux importations d’acier originaires de plusieurs pays tiers, dont les pratiques commerciales sont déloyales.
Il est par ailleurs nécessaire de disposer d’un mécanisme d’ajustement carbone aux frontières efficace ainsi que d’une énergie propre abordable afin faciliter la transition vers un acier décarboné.