Retour
cours des métaux

Allocation de quotas carboneHauts-fourneaux Décarbonation

Politiques climatiques / UE : Antonio Gozzi redoute la fin des hauts-fourneaux

Les quotas gratuits d'émission de C02 vont bientôt disparaître

Posté par : Gwenaëlle Le Louette 17.11.2025 à 10h18

L’adoption, par Bruxelles, de politiques climatiques risque d’accélérer l’arrêt de la production d’acier via la filière des hauts-fourneaux au sein de l’UE. Une situation imputable à l’instauration, d’ici janvier 2026, du MACF et de la suppression de l’allocation de  quotas  carbone gratuits.

C’est ce qui est ressorti de l’intervention d’Antonio Gozzi, président de Federacciai, l’association italienne de l’acier, lors de son assemblée annuelle. De l’avis du dirigeant italien, la réduction progressive, d’ici 2034, de la gratuité des quotas d’émission de C02 alloués aux entreprises à forte intensité carbone, à l’instar des secteurs de l’acier, de l’aluminium, ou de la chimie, va doper les coûts des quotas carbone.

Certaines estimations font mention d’un bond des prix du carbone à 172,5 €/t, contre 78,5 €/t actuellement. Ceci fera gonfler la facture des industries énergivores et alourdira davantage les coûts des particuliers et des entreprises.

« Si les allocations de quotas carbone gratuits sont vouées à disparaître, tous les hauts-fourneaux européens risquent de fermer, en raison des coûts de production supplémentaires prohibitifs », a averti d’Antonio Gozzi. Ce serait une « issue absurde », au vu de l’importance stratégique de la technologie des hauts-fourneaux nécessaire à la production de certains aciers de qualité supérieure.

Le patron de Federaccai a mis en exergue le fait la décarbonation ne devait pas s’appuyer uniquement sur l’électrification. Il existe en effet d’autres alternatives, telles que les biocarburants, les carburants synthétiques, le captage du carbone ou encore l’énergie nucléaire. Si ces options peuvent bénéficient d’incitations financières suffisantes de la part de l’UE, ceci pourrait garantir la survie de toutes ces installations.

Antonio Gozzi critique également  : « les projets mal ficelés visant à décarboner la production de l’acier.  Nous attendons un changement de cap de la part de Bruxelles. Nous désapprouvons l’attitude extrémiste et idéologique de la transition écologique ».

Un recours accru aux ferrailles va pénaliser les constructeurs automobiles

La transition vers la production d’acier via la filière électrique, laquelle repose sur l’utilisation des ferrailles, va restreindre la capacité de l’Europe à fabriquer de l’acier  d’emboutissage profond destiné à concevoir les carrosseries automobiles.

« Après 2035, la filière automobile européenne sera contrainte d’importer des tôles en acier auprès de nos concurrents tels que la Chine, le Japon et la Corée du Sud pour produire des carrosseries », a commenté Antonio Gozzi.

« Nous sommes opposés à un quelconque projet de nouveaux fours électriques en Italie sans recours au DRI (minerai de fer préréduit) sur les sites de Tarente, Piombino et Gênes », a-t-il précisé. 

« 20 à 21 M de t de ferrailles sont disponibles sur le marché domestique, mais ce n'est pas suffisant. Nous devons en importer environ 7 M de t. Si  la demande en ferrailles augmente, les prix vont exploser et l'industrie électrosidérurgique italienne et européenne pourrait être en péril. », a observé le dirigeant transalpin.  

A l’échelle européenne, l’Italie fait figure d’exception en matière de décarbonation de l’acier. Si actuellement, 60 % de l'acier européen est produit dans des hauts fourneaux, 86% de l’acier transalpin est, lui, produit via des fours électriques.

L’Italie, pionnière en matière de décarbonation

Comparée au reste de l'Europe, l'Italie est pénalisée par des coûts énergétiques élevés. Federacciai a appelé à plusieurs reprises le gouvernement à intervenir en ce sens  : « nous attendons un décret sur l'énergie. Le gouvernement y travaille, mais en fin de compte, c'est Bruxelles qui décidera ».

Le dirigeant de Federacciai Gozzi explique que, sur la péninsule italienne, l'énergie coûte 85 à 90 € par mégawattheure. A titre de comparaison, en Allemagne, les prix oscillent entre 60 et 65 € par mégawattheure,  bien loin derrière l’Espagne (55 €) et la France (40 à 42 €). 

Etude du GEM sur la décarbonation : l'Inde, loin des objectifs fixés par l'AIE

26.05.2025
+

Filière sidérurgique européenne : Eurofer tire la sonnette d'alarme

10.09.2024
+

Production automobile / Europe : plongeon de 31% en Italie au 1er T

17.05.2024
+