WV Stahl Fuites de carbone Acier vert
Fragilisation de la filière sidérurgique / Allemagne : l'Etat appelé à la rescousse
Un plan d'action soumis au gouvernement
Posté par : Gwenaëlle Le Louette 25.09.2024 à 10h56
WV Stahl, la fédération allemande de l’acier, le syndicat IG Metall et onze Länder, membres de l’Alliance de l’acier, préoccupés par la fragilisation de l’industrie sidérurgique locale, ont présenté un plan d’action au gouvernement en vue de redynamiser le secteur lors d’un sommet à Duisbourg. Plusieurs personnalités politiques, telles que Robert Habeck, ministre allemand de l’Economie étaient également présents.
La filière locale de l’acier pâtit de la robustesse des prix de l’énergie, conjuguée aux mesures inappropriées visant à se prémunir contre les fuites de carbone*, de la concurrence internationale déloyale et la faiblesse de la demande d’acier, lesquelles ont pesé sur la compétitivité depuis un bon moment.
En 2023, la production allemande a chuté à 35,4 M de t, soit son plus bas niveau depuis la crise financière de 2009. Dans ce contexte, lors d’un sommet qui s’est tenu à Duisbourg, les états fédéraux, WV Stahl et IG Metall ont délivré un message fort au gouvernement visant à prendre de toute urgence un plan d’action, s’articulant autour de 3 axes, pour remédier à cette situation alarmante.
Les prix de l’électricité doivent être revus à la baisse
Le premier d’entre eux concerne les prix de l’électricité et les coûts liés à l’utilisation du réseau, lesquels sont excessivement élevés par rapport à ceux en vigueur dans les pays voisins. Ceci entraîne une perte de compétitivité sur le plan international et une frilosité des investisseurs, y compris sur le segment des énergies renouvelables.
En conséquence, le gouvernement doit apporter des solutions supplémentaires afin de garantir l’accès à une électricité abordable pour les industries énergivores.
En outre, des mesures doivent être prises pour diminuer les coûts d’accès au réseau électrique, développer la capacité de production d’électricité en construisant des centrales électriques. L’infrastructure des aciéries de moyenne à grande envergure doit favoriser l’accessibilité à l’hydrogène vert, tandis que le gaz naturel doit rester une solution temporaire.
Revitalisation de l’industrie
Le deuxième axe se focalise sur la revitalisation de l’industrie via la création de marchés verts visant à soutenir la demande en acier durable, laquelle s’est récemment contractée. A cet égard, l’Alliance de l’acier propose de favoriser les achats publics d’acier à faibles émissions.
Il est donc envisageable d’instaurer des quotas ou critères de durabilité visant à stimuler la demande en acier certifié à faible empreinte carbone produit au sein de l’UE sur des segments tels que la construction, l’énergie et l’automobile.
Adoption de mesures commerciales efficaces
Enfin, le gouvernement allemand doit ajuster sa politique commerciale et inciter la Commission européenne à faire face à la surcapacité internationale par le biais de mesures commerciales efficaces.
L’institution doit non seulement trouver un substitut aux mesures de sauvegarde, arrivant à expiration en 2026, mais aussi appliquer de façon plus rigoureuse les mesures anti-dumping et antisubventions. En outre, le mécanisme d’ajustement carbone aux frontières doit être amélioré et étendu à l’acier transformé.
*Fuite de carbone : une entreprise, délocalisant sa production émettrice de gaz à effet de serre échappe ainsi aux normes d’émission mises en place par l’UE.