Eurofer Droits de douane US Surcapacité

Prévisions établies par Eurofer / Europe : aucune embellie attendue avant 2026

Baisse des livraisons locales d'acier au 1er trimestre 2025

Posté par : Gwenaëlle Le Louette 10.06.2025 à 18h08

Eurofer invoquant les incertitudes économiques chroniques, amplifiées par la hausse des droits de douane américains sur les importations d’acier, désormais fixés à 50%, exclut une quelconque reprise de la demande européenne d’acier cette année.

Dans son rapport trimestriel portant sur les perspectives économiques et les évolutions du marché de l’acier, l’Association européenne de l’acier souligne que la tendance baissière de la consommation apparente d’acier dans l’UE, amorcée en 2022, devrait se consolider cette année.

Après avoir initialement anticipé un redressement de la consommation apparente d’acier de 2,2% en rythme annuel au sein de l’UE, l'association européenne s’attend désormais à un ralentissement de 0,9%, à 128 M de t. Le secteur devrait ainsi connaître sa quatrième année consécutive de contraction.

Perspectives assombries 

Les perspectives sont assombries par une combinaison de facteurs défavorables, à l’instar de la guerre commerciale alimentée par les États-Unis, la faible demande des secteurs manufacturiers, l’instabilité géopolitique persistante, la surcapacité mondiale, les coûts énergétiques élevés et les turbulences économiques.

« Les droits de douane américains sur les importations d’acier, portés à 50%, constituent un nouveau coup dur pour la filière sidérurgique 

européenne, déjà bien fragilisée », a commenté Axel Eggert, directeur général d’Eurofer.

Il a ajouté que les producteurs locaux « ne peuvent plus supporter cette situation et n’ont d’autre choix que de fermer certaines de leurs capacités, réduire leurs effectifs et mettre en pause leurs projets de décarbonation ».

Selon Eurofer, après trois trimestres consécutifs de baisse, une hausse marginale de la consommation, n’excédant pas 0,5%, est intervenue au quatrième trimestre 2024. Aucune amélioration n’est anticipée avant le premier trimestre 2026, ce qui témoigne de la gravité de la crise dans laquelle est plongée l’industrie européenne de l’acier.

Les livraisons locales d’acier ont décliné sur un an au dernier trimestre, tandis qu’en 2024, elles ont diminué de 2,8% par rapport à 2023.

La situation est tout aussi décevante sur le front des importations de produits semi-finis vers l’UE, lesquelles se sont accrues de 6,3% au dernier trimestre 2024, pour représenter une part de 27% dans la consommation de la région.

Rebond de la demande apparente l’an prochain

Pour 2026, l'association table sur une reprise plus robuste de la production apparente d’acier. Cette dernière devrait en effet progresser de 3,4% alors que les prévisions initiales faisaient état d’une hausse de 2,5%. D’après Axel Eggert, ceci ne se concrétisera qu’à la seule condition « que les perspectives industrielles évoluent positivement et que les tensions commerciales et géopolitiques mondiales s’atténuent, ce qui reste incertain à ce stade ».

Ces difficultés devraient également peser sur les secteurs consommateurs d’acier, dont la production totale, mesurée par l’indice de production industrielle pondérée sur l’acier (SWIP, indicateur de la consommation réelle d’acier), devrait désormais se tasser.

Une contraction de 0,5% est escomptée pour cette année, alors  que les prévisions  établies par Eurofer faisaient initialement mention d’une croissance de 0,9%. Un rebond modeste de 1,3% est, lui, projeté pour 2026. L’an dernier, cet indice a, pour la quatrième fois consécutive, reculé de 4,9% au dernier trimestre et de 3,7% pour l’ensemble de l’année 2024.