

Federrec A3M Surcapacité MACF
Conférence Federrec : peut-on encore sauver la sidérurgie?
La filière en proie à de nombreuses difficultés
Posté par : Gwenaëlle Le Louette 11.02.2025 à 18h12
La conférence intitulée « Recyclage, décarbonation et réindustrialisation : la situation de la filière métallurgique » s'est tenue, mardi 4 février à Paris, au siège de Federrec, la Fédération des entreprises du Recyclage, du Réemploi et de l'Economie Circulaire. Elle a réuni des experts de divers horizons, à l'instar de dirigeants d'entreprises (Ugitech, Riva, Ascoval, Aperam...), de représentants du ministère de l'Industrie et de l'Energie et du président du MEDEF, Patrick Martin.
Après avoir présenté les différents intervenants présents à la conférence, François Excoffier, président de Federrec, a mis en exergue les difficultés rencontrées par la filière de la sidérurgie, notamment la capacité excédentaire de Chine, ainsi que les dépenses colossales liées à la décarbonation.
Quant à Bruno Jacquemin, directeur général de A3M, la fédération française des professionnels de l’extraction minière, de la métallurgie, de la sidérurgie et du recyclage des métaux, partenaire historique de Federrec grâce au groupe Riva, il a, lui, souligné le rôle clé que revêt la filière de l’acier, un secteur stratégique, qui doit répondre à quatre enjeux :
-l’autonomie stratégique, la filière étant le socle industriel de l'économie et de l'industrie à l’échelle nationale et européenne.
-la transition écologique, via la production d'acier vert, qui est « un formidable enjeu pour notre industrie », selon Bruno Jacquemin. Cette dernière ne sera rendue possible que par l’utilisation de métaux décarbonés.
-la transition énergétique, avec la consommation de nouveaux métaux, de terres rares et le développement des énergies nucléaire et éolienne..
-La transition numérique, une évolution incontournable en vue d’améliorer la compétitivité des entreprises.
Décarbonation : objectifs imposés par la Commission
La sidérurgie européenne traverse une crise existentielle dont la dynamique est mondiale. Des mesures trop ambitieuses ont été prises par Bruxelles sans concertation avec les dirigeants des gouvernements de l'UE. Depuis les années 90, l'empreinte carbone a été réduite de moitié à un rythme imposé par la Commission.
La production d’acier décarboné nécessite de lourds investissements dans toute la chaîne de valeur, en particulier en R&D. Elle est également dépendante du déploiement d’infrastructures stratégiques (mix électrique décarboné, stockage du carbone, production d’hydrogène vert).
De l'avis de Bruno Jacquemin, le marché de l'UE n'est pas prêt à être décarboné en raison des coûts élevés de l'électricité et du gaz. Sans compter les coûts inconnus, à l’instar de ceux de l’hydrogène, du biogaz, de la biomasse et du DRI (Direct Reduced Iron), la technologie de réduction directe. Dans ce contexte, plus de douze projets clés ayant recours à ces technologies de production sont désormais incertains, voire annulés.
En France, la production d'acier atteint 65% par la filière fonte, 35% par la filière électrique, contre, respectivement 60% et 40% au sein de l'UE, 30% et 70% aux Etats-Unis.
Bruno Jacquemin a ensuite évoqué les surcapacités massives et croissantes de la Chine, du Vietnam, de la Thaïlande, d’Inde et du Brésil, les importations à bas coût qui en résultent ainsi que les outils de défense commerciale insuffisamment performants.
MACF : une mise en œuvre compliquée
Enfin, le président de A3M a abordé la question du MACF, le Mécanisme d'Ajustement Carbone aux Frontières (CBAM en anglais), un instrument réglementaire européen visant à soumettre les produits importés dans l'UE à une tarification du carbone équivalente à celle appliquée aux industriels européens fabriquant ces produits.
Ce dispositif vise avant tout à lutter contre les fuites de carbone, dans le cadre des objectifs climatiques fixés par l'UE. L'idée étant d'éviter l'entrée d'acier importé polluant sur le territoire européen en vue de rétablir une équité entre les marchés.
Les ambitions de la Commission européenne sont floues et complexes en la matière, des difficultés se faisant jour pour rendre efficace la mise en œuvre d’un tel dispositif en raison de l’absence de vision commune. Qui contrôle les quantités de C02 émises ? Sur quelle base : à l’échelle de la France ou de l’UE? Autant de questions qui restent sans réponse.


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